mardi 9 septembre 2014

Le diesel et la santé publique, texte de Jazz de la Brigade Anti-Diesel

Je partage ici un texte rédigé par un membre de la Brigade Anti Diesel. Il a été publié il y a quelques années sur notre forum.

Le diesel et la santé publique. 

Le moteur diesel, jadis réservé aux professionnels de la route (taxis, chauffeurs-livreurs, transporteurs routiers, VRP..) s’est considérablement démocratisé au fil des ans : équipant 1 véhicule particulier sur 100 en 1970, 1 sur 10 en 1985, plus d’1 sur 4 en 1995, il n’a cessé de se développer au point d’équiper aujourd’hui plus de 2 véhicules particuliers sur 3 et d’intégrer pleinement le paysage automobile français.



Mais a t-on vraiment prévu cette explosion du diesel, et en a t-on mesuré les conséquences ? Au lendemain du phénomène de l’amiante, certaines études font apparaître aujourd’hui que les émissions atmosphériques de ce type de moteur seraient particulièrement néfastes pour la santé et toucheraient les personnes les plus fragiles, en particulier les enfants. Selon un organisme de santé, le diesel provoquerait 40000 décès par an.



I Constats:



1 Causes du développement :



Le « mazout » a bénéficié ces dernières décennies d’une politique fiscale très favorable, car utilisé majoritairement pour le transport routier. Ce carburant enregistre donc des tarifs à la pompe toujours plus bas que ceux de l’essence, alors que son coût de revient est plus élevé que ce dernier. Ce tarif allégé associé à une consommation moindre et à des hausses successives du prix des carburants, ont modifié le comportement d’achat des consommateurs, qui progressivement se sont tournés vers cette motorisation au détriment du véhicule à essence. 
Les constructeurs automobiles se sont alors adaptés à cette nouvelle demande, qu’ils ont même devancée en proposant des « diesel » toujours plus performants par la mise au point de nouvelles technologies.. Le moteur diesel est donc devenu très attrayant au fil du temps, tout en conservant une certaine réputation de robustesse, mais qu’en est-il de son aspect écologique ?



2 Caractéristiques environnementales :



Le diesel par des taux de compression très élevés subit des contraintes de fonctionnement également plus élevées, ce qui le rend d’ailleurs plus sonore qu’un moteur essence. 
Disposant d’un meilleur « couple » qu’un moteur essence, le moteur diesel nécessite moins d’énergie pour fournir un effort équivalent, par exemple pour tracter, doubler ou franchir une pente, ce qui s’exprime par une consommation moindre du carburant, moins raffiné et plus lourd. 
Le rejet de dioxyde de carbone (CO2), un des principaux gaz à effet de serre et unique indicateur de pollution communiqué par les constructeurs, est donc moindre et permet au diesel de se fonder une réputation écologique, relayée par des magazines de presse automobile qui le plébiscitent et en classent certains parmi les plus «propres». 
Inutile, pourtant, de se munir d’appareils de mesure pour constater que les rejets de ce moteur sont de toute autre nature que ceux d’un moteur à essence : sa pollution se voit et se sent, même sur les modèles les plus récents (dépourvus d’un filtre à particules), qui à l’accélération, dégagent une forte odeur de combustion et de gaz imbrûlés, accompagnée, plus souvent, d’une traînée plus ou moins opaque de fumée noire. Il est effectivement frappant de suivre des véhicules diesel « neufs » de dernière génération et même de marque prestigieuse, qui, à l’accélération et en reprise, recrachent d’épais ronds de fumée noire ; ces véhicules dont les constructeurs vantent les méritent écologiques.


Partant du principe que « brûler pollue », tout véhicule équipé d’un moteur à combustion pollue, mais le diesel, même le plus moderne, laisse trace de son passage avec l’odeur si caractéristique de ses gaz qui envahissent les rues encaissées de nos villes et qui rendent leur fréquentation, au mieux peu agréable et au pire suffocante. 
Mais alors de quoi se composent ces gaz si malodorants et quels sont leurs effets sur la santé humaine ?



II Conséquences sur la santé humaine :



En effet, le diesel par ses contraintes de fonctionnement, produit 25 à 150 fois plus de résidus de combustion qu’un moteur à essence classique. 
Les fumées noires qu’émettent les véhicules diesel sont donc chargées en résidus de combustion, communément appelés « particules fines », c’est-à-dire d’un diamètre inférieur à 2,5 microns. Ces particules, non seulement gênantes, suscitent des inquiétudes pour la santé car elles sont également très toxiques et leur taille microscopique facilite grandement leur inhalation. Devenues encore plus fines sur les véhicules de dernière génération (DCI, TDI, HDI..), elles se déposent au plus profond de notre appareil respiratoire, dans les alvéoles pulmonaires.
Les particules en suspension dans l’air agissent alors en tant qu’irritant direct et abaissent le seuil de tolérance chez les personnes victimes d’allergies et sujettes à des crises d’asthme. 

Des études scientifiques récentes ont mis en évidence la responsabilité de ces particules (seules ou combinées à d’autres polluants dans l’air) dans une série d’atteintes graves à la santé, et notamment : une morbidité précoce, l’apparition d’affections respiratoires imposant une hospitalisation parfois urgente, crises d’asthme, symptômes respiratoires aigus entraînant une aggravation de la toux et une respiration difficile et douloureuse, bronchite chronique et altération de la fonction pulmonaire se traduisant par une respiration difficile. Par ailleurs, selon une étude britannique, ces micro-particules peuvent épaissir le sang et favoriser l’inflammation pouvant expliquer l’augmentation du risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral. Les fœtus, nourrissons, enfants et personnes âgées seraient les premiers à souffrir de ces rejets de suies. Enfin, selon une étude de l’Union Européenne, une légère augmentation de ces particules fines provoquerait une hausse de 5 à 15 % des décès par affection respiratoire ou cardio-vasculaire, et les hydrocarbures imbrûlés qu’elles véhiculent et sédimentent au fond des poumons sont suspectés d’avoir des effets cancérigènes.


On peut, par ailleurs, noter, que même si chaque véhicule émet individuellement moins de particules qu’auparavant, les émissions totales n’ont cessé d’augmenter, proportionnellement à la « diésélisation » croissante du parc automobile.

L’autre gros point faible du diesel est le rejet massif d’oxydes d’azote (NOx), 3 à 6 fois plus qu’un moteur essence. Il contribuerait directement à la formation de l’ozone, dont les fameux pics émaillent l’actualité estivale. Il peut irriter les poumons et diminuer la résistance aux infections respiratoires tels que la grippe et une forte concentration provoque alors des irritations et réactions inflammatoires des muqueuses (gorge et yeux) et affecte également les poumons, surtout chez les enfants et les personnes asthmatiques, que rencontrent d’avantage de crises. Les pics d’ozone favorisés par le soleil, augmenteraient, en outre, la mortalité de plus de 5 %.
 Enfin, une exposition prolongée à l’ozone peut altérer de manière irréversible la fonction pulmonaire et entraîner un vieillissement chronique des poumons ou l’apparition de maladies respiratoires chroniques.

Ces émissions sont donc accablantes pour le véhicule diesel et constituent pourtant son défaut majeur.

Mais son impact sur notre santé ne dépend-t-il pas du degré d’exposition et des prédispositions de chacun ? 

En effet, le diesel ne touche pas de façon égale la population : son impact dépend beaucoup de sa densité et de l’endroit où l’on se trouve. Les populations vivant en zone urbaine sont plus exposées car elles vivent dans un milieu où l’automobile est omniprésente et la concentration de polluants atmosphériques qui en est liée est la plus forte. Mais le nombre de voitures au km² n’est pas le seul facteur. L’urbanisme lui-même constitue un vecteur de pollution, car les rues encaissées de nos villes retiennent les polluants et facilitent notamment le maintien des particules en suspension. L’évacuation des polluants émis est donc limitée et comme remarqué plus haut, le passage des véhicules diesel se sent. Une rue ou avenue pentue exposera davantage la population y résidant, car les véhicules, constitués en majorité de moteurs diesel, dégagent plus d’émissions polluantes en situation de reprise ou d’accélération. 

Dans cet exercice, il est à noter que les véhicules diesel dans leur sonorité caractéristique crachent souvent un nuage de ces fameuses fumées noires suffocantes, incommodant les riverains. Par ailleurs, le moteur diesel nécessite un entretien plus technique et assidu qu’un moteur essence: son manque d’entretien est sanctionné par une pollution accrue exposant encore davantage les usagers de la voirie, comme les piétons, cyclistes ou automobilistes. 

Prenons l’exemple d’un véhicule diesel, qui mal entretenu et déréglé, franchit une côte en recrachant des fumées noires : si, sur son passage, il double ou croise des cyclistes ou des piétons, il impose à ces derniers, en plein effort, de respirer toutes ses substances cancérigènes. Quel terme peut-on alors employer pour qualifier l’acte d’administrer à une personne, contre son gré, à son insu, une substance toxique ? 

L’air est pourtant l’aliment que nous ingérons le plus (environ 15 000 litres par jour et par personne) pour nos besoins quotidiens, et ce que nous respirons passe dans notre sang ; il paraît donc indispensable, que celui-ci soit sain. Sur un même registre, un produit destiné à l’alimentation, ne serait-ce que suspecté d’être toxique ou vénéneux ne pourrait être commercialisé ou serait immédiatement retiré de la vente. Le produit lui, peut être choisi d’être consommé alors que l’air lui ne l’est pas, il nous est indispensable pour vivre. 



Si le principe de la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas autrui, la pollution énumérée plus haut comme tout nuisible, est liberticide, car les personnes pour se protéger doivent modifier leur comportement, et restreindre leur liberté d’aller et venir. J’ai en effet, le droit au mieux de respirer un air sain, au pire de ne pas respirer un air vicié ; dans le cas du véhicule diesel qui monte une côte et émet un nuage noir toxique, je n’ai pas le choix : j’inhale ses substances, alors que pendant l’effort, mes poumons sont ouverts au maximum et ont besoin de plus d'air. Si le sujet exposé est en bonne santé et n’a pas de prédispositions comme l’asthme, il sera à court terme au mieux incommodé, suffoquera, aura les yeux qui piquent, la gorge qui brûle, un goût d’hydrocarbures dans la bouche, voir une bronchite ; dans le second cas, une personne asthmatique ou à déficience respiratoire peut voir son état s’aggraver dangereusement. 


Quels seront les risques à long terme, pour une personne quotidiennement exposée, qui emprunte toujours le même chemin à pied ou à vélo et respire en grande quantité ces substances cancérigènes ? en comparaison, comment le corps réagirait face à une absorption quotidienne de charbon ou de matière carbonisée (pâte à tarte ou croûte de pain brûlées..) ? dans le cas de l’amiante, il s’avère que les personnes malades étaient les plus longuement ou fréquemment exposées, tout comme le tabac, ou toutes autres substances toxiques. 

Des précautions sont donc à prendre pour se prémunir de respirer ces particules toxiques, mais jusqu’où ? changer d’itinéraire, dévier sa trajectoire, s’arrêter, couper sa respiration par des phases d’apnées, en guettant les véhicules susceptibles de polluer ? ou déménager pour s’en prémunir ? ce dernier cas, est malheureusement la destinée des personnes atteintes de maladies respiratoires. 



On comprend mieux pourquoi certaines municipalités du monde comme Tokyo (Japon) l’ont interdit dans leurs agglomérations pour protéger les habitants. Japon, où les victimes de la pollution ont obtenu des constructeurs automobiles des indemnisations (« Le Monde » daté du 17 août 2007 ). D’autres pays ont une politique fiscale plus dissuasive à l’égard du diesel et leur proportion est alors bien moindre. A Montréal, par exemple, cette situation inverse surprend agréablement, car les rues sont d’une part moins bruyantes (fonctionnement plus silencieux du moteur à essence, associé de plus à la boîte automatique) et d’autre part, moins nauséabondes avec un air plus vif et plus respirable.




Pour conclure, les retombées de ce moteur semblent aussi inquiétantes qu'incertaines sur le long terme. En effet, aujourd'hui plus de deux véhicules sur trois roulent au diesel. Qui est capable d’estimer à long terme le nombre de malades respiratoires et de décès imputables à ce type de motorisation ? Prétendre que le diesel est écologique est une tromperie. 
L'Etat qui depuis des décennies favorise fiscalement le gasoil doit aujourd’hui reconnaître sa nocivité afin d'en informer la population. Il doit au nom du principe de précaution et de la protection de la santé publique prendre les mesures qui s’imposent, à l'instar du tabac ou de l'amiante dont le danger a été reconnu. 
Les pics de pollution aux particules fines et dioxyde d'azote, qui ont émaillé de nombreuses agglomérations françaises en décembre 2007, et dont on a très peu parlé, ont parfois comme à Paris atteint le niveau 10 sur une échelle de 10 durant deux jours consécutifs. De trop timides mesures s'en sont suivies comme la réduction de la vitesse maximum autorisée. 

Le risque pour la santé était pourtant à son apogée.
Les constructeurs automobiles ont également une responsabilité majeure : ils se sont focalisés sur l’avancée technologique des moteurs diesel améliorant toujours leur rendement, au détriment de l’élaboration de moteurs à énergie alternative. L'offre en motorisation hybride par exemple est encore inexistante chez les constructeurs européens, qui sont de ce fait très en retard sur leurs homologues japonais. Faute de mieux, ils devront prochainement (conformément à la norme européenne « Euro 5 ») équiper de filtres à particules tous les véhicules à moteurs diesel neufs, mais restent tous ces véhicules déjà en circulation, dont l’âge moyen est estimé à huit ans. 
Nul ne sait si les victimes de la pollution automobile ne se retourneront pas un jour contre l'Etat ou l’industrie automobile et pétrolière pour engager la responsabilité de ceux-ci, mais en attendant, chaque citoyen, dans son comportement d’achat et le mode de transport
qu’il utilise, a un rôle majeur à jouer. Les lobbies sont puissants et la prise de conscience naissante, mais ces enjeux de santé publique ne priment-ils pas ?

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