jeudi 7 juillet 2011

Le tabagisme, pire que le diesel ?

Je lance ici une série de trois articles "à priori hors sujet", à priori seulement car en relisant mon article d'introduction, qui rappelle que le problème du diesel se place dans un cadre à expliciter, on comprend aisément la pertinence même de ce type de publications.

Pourtant, j'irais jusque très loin dans mes digressions. Oser rapprocher nucléaire et diesel, en particulier quand on n'est pas anti-nucléaire n'est pas un exercice simple. De même parler de la viande sur un blog contre le diesel a de fortes chances de me discréditer…si l’on s’arrête au titre.


Même en France, le diesel fait « moins bien » que le tabac ?

60 000 morts par ans, sans compter les approximations qui on tendance à sous-estimer la réalité. Voilà le triste bilan du tabagisme en France. Dans le monde, c’est près d’un demi-million de personnes qui en meurent chaque année.

Pourtant, le diesel se démène pour se faire remarquer en France. (Plus de) 40 000 par an dont des milliers par cancers et par maladies respiratoires comme le tabac, ce n’est pas rien. Certes, cela ne rattrapera pas le bilan mondial du tabagisme, puisque le diesel est une exception française, mais il montre une chose : c’est un phénomène de mode qu’il n’est vraiment pas souhaitable de reproduire ailleurs. Ne serait-ce que parce que les dépenses de santé liées au diesel coûtent cher, comme vous le verrez plus loin dans cet article.

Étude comparative : bilans gains/dommages causés

Certes, même en France, le diesel tue moins que la cigarette, mais il fait plus mal sur toutes les autres considérations sanitaires, voire économiques. Comme je n’ai pas envie de me lancer dans une étude approfondie sur l’impact du tabagisme, je me limiterais à deux considérations qui, pardonnez-moi, sont asses cyniques.

Bilan du tabac

Côté tabac, la forte taxe sur la vente de tabac permet à peine de compenser les dépenses de soins et de santé, comme l’article en rétrolien. Mais dans ce calcul, on oublie allègrement deux hypothèses :
-Ces maladies se développent sur des personnes de plus de 40 ans pour être large, sans doute plutôt vers les 60 ans même je dirais. Comme la population des fumeurs est à peu près représentative de la population totale, cela sous-entends que ce sont des personnes qui ont contribué en grande partie au système de santé, qui ont versé des sous à la sécu, quoi.
-Lorsque les traitements échouent, ce sont des personnes à qui on n’aura pas à payer de retraites…Je précise d’emblée que l’observation n’est pas de moi, mais d'un certain nombre de personnalités du domaine, à commencer par le PDG d'une marque de cigarette dont je tairais le nom (enfin les noms, l'un permettant de retrouver l'autre.). Mais après tout, il se trouve qu’il existe des fumeurs centenaires en bonne santé, comme quoi…

Bilan économique du diesel

Quoique l’on dise, le diesel est imbattable là-dessus. Tout d’abord il faut rappeler que le diesel est le seul carburant proposé en France avec un bilan sanitaire quantifiable. Alors il faut de comparer notre parc actuel à un parc « zéro diesel » (c’est presque l’hypothèse de base des études d’impact sanitaires de l’AFSSET).
Ce faisant, on remarque d’emblée qu’il y a un manque à gagner dans les recettes : -15cents au litre, dans un pays consommant plusieurs kTep de carburant, ça fait mal.
Ensuite : côté dépenses de santé, le diesel coûte à l’Europe plus de trente milliard d’euros par an ! Pas étonnant que nous payons une prune de 300 000€ par jour, pour non respect des normes antipollution. Une chose est certaine, Tout le monde ne peut se permettre de tels extras que se permet la France, qui campe sur ses positions (i.e qui ne fait rien pour limiter le parc de VL diesel alors qu’elle participe grandement aux 30 milliards et qu’elle vient de se prendre une amande record).


Bilan sanitaire

En dehors des maladies respiratoires qu’il provoque de la même manière que le tabac, le diesel a l'orignalité d'être aussi la cause de maladies cardiovasculaires, et d’une extraordinaire prédisposition à l’asthme et aux bronchites chroniques. Donc, même si les études les plus importantes, notamment les études de l’AFSSE en France, se concentrent sur les morts (en ne s’intéressant, pour limiter les effets stochastiques, à une population de 30 ans ou plus), d’autres études permettent de mesurer ces impacts scandaleux sur les plus jeunes d’entre nous, et donc vos enfants. Je rappelle au passage qu’une automobile est une vraie passoire : à 20 km/h, vous êtes toujours susceptibles de respirer vos propres gaz d’échappement. Amis diésélistes les plus optimistes, ne comptez pas sur le Stop & Start de votre C3 HDi flambant neuve pour vous sauver de votre propre empoisonnement.

Meurtres ou suicides ?

En parlant d’empoisonnement, s’il n’y que quelques pour-cents des victimes du tabac qui sont des fumeurs passifs, côté diesel, c’est l’inverse. D’un côté, vous avec le gars qui se fait Harakiri et quelques fois, il y a quelqu’un qui a le malheur de se trouver derrière, de l’autre, vous avez le tireur fou qui débarque dans une salle de classe, une banque, un hôpital, qui tire à vue et qui finit (on ne sait pourquoi) par se suicider….ou pas. C’est exactement cette image qu’il faut avoir en tête en comparant les victimes de ces deux boucheries humaines. La pollution atmosphérique est, comme le suggère son nom, essentiellement subie.

Portrait robot des victimes

Vous êtres nombreux à vous imaginez « 4000 morts dans les accidents de la route, c’est 4000 automobilistes qui meurent chaque année ! » Eh bien non. Ce chiffre est presqu’équitablement réparti entre les automobilistes, les motards, les piétons et les cyclistes. Il en est de même pour le diesel. Les premières victimes sont les diésélistes, viennent ensuite les autres automobilistes (ceux qui roulent à l’essence, les GPListes (comme quoi le diesel leur est plus dangereux que la bombonne de gaz qu’ils ont dans le coffre), à l’électricité ou à l’hybride (qui sont pourtant assis sur une bombe chimique, comme on se plaît à l’ignorer dans le grand public).


Puis bien sûr les motards et les cyclistes (surtout les cyclistes, qui doivent ventiler davantage car ils sont leur propre source motrice), et bien sûr les piétons en tout genre (ce n’est pas parce que bébé est dans sa poussette et n’est pas non plus, au sens du code de la route (article R412-35) considéré comme piéton qu’il n’est pas concerné…il l’est d’ailleurs plus que ses piétons de parents, comme vu ici).


Et puis, comme le diesel ne fait pas de jaloux, il fait profiter aux riverains (même s’il se cloisonne pour ne jamais devenir usagers de la route !) et enfin au non riverains. L’étude épidémiologique montre que le taux d’exposition, et donc la surmortalité liée au diesel à considérer en France, est de 1,01. Cela est possible en partie grâce COV que libèrent les véhicules diesels (Composés Organiques Volatils, dont font parties les microparticules, qui restent en suspension pendant plusieurs semaines et peuvent voyager sur plusieurs centaines de kilomètres, nos voisins européens nous disent merci !). De ce fait, même au fin fonds de sa campagne reculé, un Français à peu près 1% de chance de mourir des causes du diesel. Ça m’a paru beaucoup lorsque j’ai lu ça dans ce même rapport de l’AFSSE que je cite régulièrement, jusqu’à ce que l’INSEE me rappelle qu’il y a 600 000 décès par an en France.


Bilan des impacts

Pour résumer, par rapport au tabagisme, le diesel vole l’État (il rapporte moins qu’une solution à zéro de coût sanitaire, si c’est pas du vol, ça !), tue plus jeune (et re-défroque l’état en le privant d’une partie de ses contribuables), tue en fait moins efficacement et donc laisse pleins de malades (qui sont une vraie plaie pour les caisses de la sécu, notamment les cancéreux et les malades chroniques…), et pour finir nous fait porter le bonnet d’âne (nous sommes le seul pays à avoir été poursuivi pour non respects de la qualité de l’air dans nos villes, nous avons subi des injonctions, répondu hypocritement sous la menace, rien fait de sorte que l’on se paie une amende…) nous volant une dernière fois au passage. De plus il ne tue pas par suicide (on peut objectivement considérer le tabagisme comme une forme de suicide), mais par meurtres. Chaque année en France, ce sont des dizaines d’homicides involontaires (sont-ils vraiment involontaires ?) perpétrés par une vingtaine de millions de diésélistes. Petite image pour la route (hihi !) C’est comme si chaque semaine, 1200 collèges en France décidait de mettre à mort une personne, prise au hasard dans la population.

Bilan « moral »

Et tout ça, le diesel le fait dans un parfait esprit « gentleman ». Pour certains encore, avec toute cette communication sur le CO2 qui écrase le reste des préoccupations environnementales, le diesel a même une image écolo. Que voulez-vous ! Je ne sais pas ce qui est le pire entre peindre les logos des moteurs diesel en bleu ou – comble du comble – en vert (si si, j’ai déjà vu des logos HDi verts !!!) ou payer directement des gens qui achètent des véhicules diesel neufs (un véhicule diesel est à modèle et puissance égale, plus lourd que son homologue essence !! Je le précise car la construction d’une auto neuve coûte 5 tonnes de CO2 par tonne de véhicule construit, ce que visiblement, le bonus écologique ne prend pas en compte…), et l’on en taxe d’autres qui s’achètent des sportives (donc recherche de performances, donc essence, « double donc » plus légères). Mais j’aurais l’occasion d’en dire plus sur cette obsession du CO2 dans mon prochain article.

Après cela je ne vous demanderais qu’une chose. Si vous ne blâmez pas les diésélistes, alors ne blâmez pas non plus les fumeurs, car vous n’aurez aucune raison de le faire.

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